A propos de la plante :
C'est une liane très courante dans les haies, les sous-bois. Agée, elle peut faire des lianes épaisses et résistantes qui montent à plus de 10 mètres de haut. C'est d'ailleurs la seule vraie liane qu'on trouve en France. A l'automne elle se reconnait bien à ses graines plumeuses du plus bel effet.
A propos du nom :
Le nom leutré est mentionné par Taverdet autour de Chalon, mais il est possible qu'il y ait confusion avec le chévrefeuille, qui porte le même nom. Le nom vignôle semble le plus généralisé, mais il prête aussi à confusion, car le "Dictionnaire du patois verduno-chalonnais" cite sous ce nom la vigne sauvage (lambrusque), et que la mercuriale annuelle est parfois appelée vignolon. Chez nous, c'est plus vers la plaine qu'on connait vignôle.
Le nom de borégie est, avec celui de carboui, celui qui constitue l'identité territoriale des habitants de la "montagne" (Saules et au-dessus). Il est cité par toutes les hommes interrogés, je dis "les hommes" car ce sont les garçons qui tous, vers 11 ou 12 ans, en ont fumé. Les filles, elles, s'en servaient pour tresser des couronnes. Ce nom ne se trouve absolument nulle part ailleurs.
En absence d'autres noms proches dans d'autres lieux, on en est réduit à faire des hypothèses sur son origine. Je propose la suivante : borégie pourrait être issu de bourêche, la bourrache (Borrago officinalis). Pourquoi le nom de la bourrache aurait-il dévié vers la clématite ? Il faut aller rechercher vers les propriétés supposées de la plante : "Au moyen âge, la bourrache était considérée comme une plante magique aphrodisiaque. La bourrache donne de l'assurance et de la hardiesse dans les entreprises amoureuses" (Wikipedia). Le fait de fumer de la borégie étant clairement un rite initiatique de petits mâles (tout le monde s'accorde à dire que c'était très mauvais), je pense que le lien est tout trouvé.
La "Flore populaire …" de Rolland permet malgré tout de distinguer une filiation possible de vitalba (nom latin de la plante = "vigne blanche") à borégie : VITALBA -> VIDALBO -> VIDAOUBO -> BIDAOUBO -> BIDAOUGUERO -> BIRAOUGO (noms occitans).
Le nom français herbe-aux-gueux viendrait de sa toxicité : des mendiants s'en frottaient la peau, ce qui provoquait des ulcérations, afin de faire plus pitié.