Un bouquet de fragon en hiver avec ses boules rouges curieusement posées sur les "feuilles" (ce ne sont pas vraiment des feuilles, mais des tiges en forme de feuilles) est du plus bel effet. C'est une plante de bois, pas particulièrement rare, mais suffisamment pour qu'on soit content quand on en trouve ! C'est dans le mâconnais qu'on en trouve le plus, mais l' "Atlas des plantes sauvages de Bourgogne" montre une belle présence dans nos collines.
J'ai connu quelqu'un il y a une vingtaine d'années qui vivait de récoltes sauvages, et "faire le fragon" était pour lui une période importante.
Une personne originaire du Charollais m'a cité quelque chose d'intéressant, tant pour l'usage de la plante que du point de vue du lexique dialectal : auparavant, on fregonnait les cheminées en utilisant un bouquet de "houx" ou similaire, manière de faire un ramonage léger ; je pense donc qu'il s'agissait d'un bouquet de fragon, ce qui est plausible vu la coriacité de la plante. Et si le nom de famille FRAGONNARD venait du nom de l'artisan qui passait de maison en maison proposer ses services ?
A propos du nom :
Ce nom de carboui est totalement inédit, et n'existe chez nous que dans la "montagne" (Culles, Saules, Fley…), il n'est pas compris vers la plaine (Saint-Boil). Il encore bien vivant, et j'ai même rencontré une personne qui ne savait pas qu'on pouvait le nommer autrement.
Origine : le boui est l'ancien nom du buis chez nous. Le nom carre était très présent en patois de Bourgogne et Franche-Comté (même origine latine que notre "carré") pour signifier "coin, angle". D'où peut-être cette construction qui signifierait "buis à pointes" ; en Charente, le fragon s'appelle, entre autres, le buis piquant. Mais comment expliquer la présence de l'adjectif avant le nom ? une influence germanique ?
D'autre part, le préfixe CAR- existe pour cette plante dans d'autres langues : espagnol carrosco, carrasquilla…, breton gargel, garven, garoun … Faut-il y voir quelque chose de plus ancien ?