A propos des deux plantes :
Chaque type de sol et de façons culturales a son chiendent. Ce qui définit un chiendent, c'est :
• une graminée
• une plante très nuisible
Chez nous, c'est surtout le chiendent rampant qui est présent, le chiendent pied-de-poule venant plus en plaine, dans les sols sableux
A propos des noms :
Comme dans le cas de la ravenale, le français "chiendent" s'est sur-imposé aux noms patois. Les autres noms sont parfois compris, mais plus usités.
Le nom vigron est peut-être en rapport avec la vigueur de la plante. Il ne se trouve nulle part ailleurs en France. On le trouve autour de Chalon, il s'arrête vers chez nous.
Le nom trin-nèche (c'est à dire "trainasse") est appliqué à toute plante envahissante qui rampe ; ce nom est encore bien vivant chez nous.
Grimon est à mettre en rapport avec le latin gramen = herbe (qui a donné notre français "garminée").
Très original, et particulier à la Saône-et-Loire est l'ensemble lurache (ou luroche), nuranche, ujerintse (le son ts remplace le son ch vers Charolles). Taverdet ne l'explique pas, il propose : "peut-être du latin nocere "nuire". Je propose la série suivante, bâtie sur le même modèle que ujerôle, agirôble (voir plus loin) : racine latine ACER (= pointu, d'où "acéré") --> ACERACIA (suffixe péjoratif, voir les terminaisons françaises en -ASSE, ici on a justement trainasse) --> ACÉRASSE --> AGÉRACHE --> UJRINCHE --> URA(N)CHE --> L'URACHE ou UN' URANCHE.
Confusion possible :
A noter que le chiendent utilisé dans les "brosses en chiendent" n'a rien à voir avec les précédents : il s'agit des racines d'une graminée du sud des Etats-Unis.
Le nom "ivraie" est tout à fait problématique, car il est souvent utilisé, sans que l'on sache s'il est bien compris. On réserve en principe ce nom à Lolium perenne. C'est une plante qui a à la fois une image positive (c'est le ray-grass des prairies) et une autre négative (adventice des céréales - voir l'expression "séparer le bon grain de l'ivraie"). Le confusion est entretenue par la ressemblance extrême des épis de l'ivraie et du chiendent rampant.
Autres "trainasses" : la renouée des oiseaux (Polygonum aviculare), très courante dans les vignes, moins gênante quand même que les chiendents car elle ne se multiplie pas par ses racines (à gauche), et la renouée faux-liseron (Fallopia convolvulus), beaucoup plus problématique (à droite) (voir également dans l'onglet "schémas") :