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D'la denrée : se multipliant par les racines

Sans titre

pipou

nom latin : Ranunculus acris

nom français : bouton d'or, renoncule âcre

noms de même origine donnés dans d'autres régions : pièpe, pipo, piépoix, piapeu

ailleurs en S&L : charollais  atsi, atsan

A propos de la plante :

Malgré leur aspect bucolique, les boutons d'or ou renoncules peuvent être de sévères adventices dans les prés, où ils concurrencent les graminées et peuvent donner une certaine toxicité à l'herbe. On m'a rapporté qu'ils pouvaient, outre la couleur, donner un goût particulier au lait, que certaines personnes craignaient. Une autre espèce très proche présente chez nous, Ranunculus bulbosus, ne se rencontre que sur les chaumes (pelouses calcaires), et n'est jamais en situation d'adventice.

La renoncule rampante (ci-dessous) est une peste des jardins à terre argileuse, qu'elle colonise grâce à ses nombreux stolons et à ses racines très difficiles à extraire.

A propos du nom :

Pipou doit être compris comme formé de deux mots : pi et pou.  Pi est à comprendre comme "pied" et "pou" comme l'ancien nom du coq (d'où l'expression "fier comme un pou").

A ne pas confondre avec le nom "pied-de-poule" qui est un chiendent qu'on verra plus loin. Le français "pied-de-poule" est parfois utilisé pour la renoncule.

Le nom "renoncule" vient du latin ranunculus "petite grenouille", le nom ayant d'abord été appliqué à l'espèce aquatique de renoncule.

Renoncule rampante

pica

nom latin : Ranunculus repens

nom français : renoncule rampante

noms de même origine donnés dans d'autres régions : pied-de-coq, pyid de co, piedcot, picot

Il s'agit donc d'une variante proche du précédent

Confusions possibles

Ficaire

nom latin : Ficaria verna

nom français : ficaire fausse-renoncule

 

Une des premières fleurs du printemps, mais pas dans les mêmes endroits que le bouton d'or : fossés humides.

cou d'rate

nom latin : Equisetum arvense

nom français : prêle des champs

autre nom en Saône-et-Loire : queue-de-renard, dans tout l'ouest du département

 

                            aspect au mois de mai                                                      ancienne vigne envahie de prêles

Cou d rate 1
Cou d rate 2

A propos de la plante :

Ce n'est pas une plante à fleurs. Dans l'ordre d'apparition des végétaux sur terre, c'est une ancêtre de ces dernières, ce qui ne l'empêche pas d'être très efficace, et quasi indestructible comme adventice vivace dans les cultures. Elle disparaît totalement l'hiver pour ré-apparaitre au printemps.

Elle pousse exclusivement dans les terres fortement engorgées pendant plusieurs mois de l'année, mais ne craint pas la sécheresse d'été.

Elle peut être toxique pour le bétail.

 

A propos du nom :

Cou d'rate doit être compris comme "queue de rat", du fait de l'aspect lisse et segmenté de la tige. On retrouve ce nom dans d'autres régions.

Le nom latin equisetum fait, lui, référence au crin de cheval.

 

Tindron 200

tindron

nom latin : Ononis spinosa

nom français : bugrane épineuse, arrête-bœufs

autre nom en Saône-et-Loire : tandron

autre nom de même racine en France : tendon, étendon, tenon

A propos de la plante :

C'est une plante épineuse, mais ce n'est pas cela qui explique le nom d' "arrête-bœufs" qui est courant partout en France : ce surnom vient du fait que la plante, dont la racine est puissante et traçante, avait la faculté d'arrêter les bœufs dans leur labour.

C'était une plante extrêment courante dans tous les terrains secs ; elle est devenue plutôt rare chez nous, il faut aller sur les chaumes pour la rencontrer.

 

A propos du nom :

La liste des noms cités fait penser à l'origine suivante : "latin classique tenere qui appartient à la même racine indo-européenne ten- que tendere (-> tendre) (Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey).

 

J'aurais pu placer cette plante dans l'onglet "gamins" ; voyez ce qu'en dit le "Dictionnaire du patois de Mancey" :

Tendron
Liseron 1

évôyir, voyi

nom latin : Convolvulus arvensis

nom français : liseron des champs

autres noms en Saône-et-Loire : Mancey : vôliée ; Brionnais : avèyi ; voyi ou éveuilli un peu partout ; Morvan : vélie …

autres noms de même racine en France : vize, veîl'ye, villée, vélier, villée, veillard, veillée …

A propos de la plante :

Tous ceux qui ont un jardin connaissent le liseron des champs, envahisseur indestructible qui s'enroule autour des autres plantes. Dans les cultures, les vignes, c'est une adventice redoutée. Les moissons envahies de liseron étaient quasi in-récoltables.

 

A propos du nom :

Chez nous le nom semble masculin, mais on dit de l'évôyir, qui pourrait être féminin. Il semble être féminin en Mâconnais. Evolution probable du nom : le veilli --> les vôilli --> l'évoyir (possible télescopage avec l'ancien français esvahir (on ne prononçait pas le s) qui signifiait "envahir").

Toute la série vient d'une même origine "plante qui vrille". Le dictionnaire historique de la langue française" dit pour VRILLE : "Altération de l'ancien français vedile (fin XIe s.), vedille (XIIIe s.) puis veïlle (1313) "pousse en hélice des plantes grimpantes", qui a donné aussi le terme villon "vrille de la vigne".

 

Le nom français "liseron" dériverait de "lis" (il y a une certaine ressemblance dans la forme de la fleur, en entonnoir).

 

Confusion possible :

Le liseron des haies (Calystegia sepium), plus grand et à fleurs blanches, s'appelait à Mancey vôliée peunarde (peunarde : qui pue).

Chiendent rampant
Chiendent pied de poule

chiendent

luroche, lurache

noms latins : Elymus repens et Cynodon dactylon

noms français : chiendent rampant et chiendent pied-de-poule

autres noms en Saône-et-Loire : vigron (entendu à Fley, mais non usité) ; Brionnais : gramole et ujerintse ; Chalon-Verdun : grimon (on "égrimonait" un terrain ; ailleurs : lurache, nuranche, flan. Trainasse, trin-nèche (très courant chez nous).

autres noms de mêmes racines en France

grame, grème, gramin, gramon, gromon, greu, gru

trainante, trégnesse, trane, tranuge …

A propos des deux plantes :

Chaque type de sol et de façons culturales a son chiendent. Ce qui définit un chiendent, c'est :

• une graminée

• une plante très nuisible

Chez nous, c'est surtout le chiendent rampant qui est présent, le chiendent pied-de-poule venant plus en plaine, dans les sols sableux

 

A propos des noms :

Comme dans le cas de la ravenale, le français "chiendent" s'est sur-imposé aux noms patois. Les autres noms sont parfois compris, mais plus usités.

Le nom vigron est peut-être en rapport avec la vigueur de la plante. Il ne se trouve nulle part ailleurs en France. On le trouve autour de Chalon, il s'arrête vers chez nous.

Le nom trin-nèche (c'est à dire "trainasse") est appliqué à toute plante envahissante qui rampe ; ce nom est encore bien vivant chez nous.

Grimon est à mettre en rapport avec le latin gramen = herbe (qui a donné notre français "garminée").

Très original, et particulier à la Saône-et-Loire est l'ensemble lurache (ou luroche), nuranche, ujerintse (le son ts remplace le son ch vers Charolles). Taverdet ne l'explique pas, il propose : "peut-être du latin nocere "nuire". Je propose la série suivante, bâtie sur le même modèle que ujerôle, agirôble (voir plus loin) : racine latine ACER (= pointu, d'où "acéré") --> ACERACIA (suffixe péjoratif, voir les terminaisons françaises en -ASSE, ici on a justement trainasse) --> ACÉRASSE --> AGÉRACHE --> UJRINCHE --> URA(N)CHE --> L'URACHE ou UN' URANCHE.

 

Confusion possible :

A noter que le chiendent utilisé dans les "brosses en chiendent" n'a rien à voir avec les précédents : il s'agit des racines d'une graminée du sud des Etats-Unis.

Le nom "ivraie" est tout à fait problématique, car il est souvent utilisé, sans que l'on sache s'il est bien compris. On réserve en principe ce nom à Lolium perenne. C'est une plante qui a à la fois une image positive (c'est le ray-grass des prairies) et une autre négative (adventice des céréales - voir l'expression "séparer le bon grain de l'ivraie"). Le confusion est entretenue par la ressemblance extrême des épis de l'ivraie et du chiendent rampant.

Autres "trainasses" : la renouée des oiseaux (Polygonum aviculare), très courante dans les vignes, moins gênante quand même que les chiendents car elle ne se multiplie pas par ses racines (à gauche), et la renouée faux-liseron (Fallopia convolvulus), beaucoup plus problématique (à droite) (voir également dans l'onglet "schémas") :

Renoue e des oiseaux 2
Renoue e faux liseron
Chapelet

chapelet, chiendent à chapelets

noms latins : Arrhenatherum elatius bulbosum

noms français : fromental, chiendent à boules

Il paraît que c'était une adventice courante et redoutée dans les moissons, rencontrée dans les zones sableuses en plaine. Je ne sais pas si on peut encore en retrouver, car il s'agit d'une sous espèce identique, au-dessus du sol, à une graminée extrêmement courante partout.

Herbe de crapo
Persicaire

herbe de crapaud

noms latins :

Polygonum hydropiper

Polygonum persicaria

noms français :

poivre d'eau (à gauche)

persicaire (à droite)

Plante qui pousse dans les terrains argileux engorgés.

Hie ble 200

niâle

noms latins : Sambucus ebulus

noms français : hièble, sureau hièble

autres noms en Saône-et-Loire : yol, yô

leune, loène

Le niâle (à ne pas confondre avec la niâle) est une plante rudérale qui, contrairement à son cousin le sureau noir, disparaît en hiver pour repousser au printemps, donnant des fleurs en été ; toute la plante dégage une odeur fétide ; elle est toxique.

En situation d'adventice dans les vignes, il est difficile de s'en débarrasser.

 

A propos du nom :

Le nom se retrouve dans une aire allant de l'Allier à chez nous (niôle, nieûle), mais il existe également ailleurs des formes en yol et yob, ce qui permet de remonter à la racine latine : EBULUS > ÈBL > YÈBL > YOBL > YOL > NIOLE > NIÂLE.