Arbres et arbustes de bouchures

Saule marsault

meussauge

massauge

nom latin : Salix caprea

nom français : saule marsault

Le nom signifie "mauvais saule". Il n'a en effet pas les usages intéressants des autres saules. C'est celui qu'on voit en fleurs (chatons) dès le mois de mars sur les bords de routes. Il pousse un peu partout sauf dans les endroits trop secs. Il s'installe facilement dans les décombres.

Une branche peut faire un bel effet dans un bouquet sec.

Noyer

noué

nom latin : Juglans regia

nom français : noyer

Prunellier

poulochi, poulachi

appelé également peurnalé

nom latin : Prunus spinosa

nom français : prunellier, épine noire

à Givry, moins de 20 km plus au nord, les fruits sont des plosses

C'est la première floraison de haies au printemps, dès le mois de mars. C'est une plante qui colonise très rapidement les prés abandonnés.

 

A propos du nom :

Poulochi est une influence franco-provençale ; peurnalé se retrouve plus au nord. On trouve chez nous les deux formes, et au début je ne pensais pas mentionner ce dernier, n'y voyant qu'un mot français prononcé "à la patois". Il s'agit en fait bien d'un mot original ancien.

Poulochi serait issu du gaulois bullucea, contaminé plus tard par le latin pruna (le gaulois n'avait pas de nom commençant par p). On retrouve bien la racine du mot en breton (polos, bolos, pelorz …), mais pas dans d'autres langues celtiques.

L'absence de trace ni dans le latin, ni dans les langues celtiques, ajouté à l'existence, dans la traduction de "prunellier" en basque, de beltz (qui signifie d'ailleurs "noir", qu'on retrouve dans "épine noire"), me fait dire qu'il faut envisager un terme gaulois lui-même emprunté aux peuples qui les ont précédés, de langue non indo-européenne : beltz > bolz > bolos (bulus) > polosse > pouloche. 

Peut-être à l'origine du nom de famille POULACHON.

Sureau

seuré

nom latin : Sambucus nigra

nom français : sureau noir

autres noms en Saône-et-Loire :

à l'ouest : seu ; en Bresse : siou ;

Charollais-Brionnais : souâri, so-yé

C'est un arbuste très commun partout, de croissance très rapide, qui fleurit en mai-juin. Ses fleurs peuvent servir à aromatiser des boissons ; certains font des confitures avec les baies noires.

La plante aurait pu aussi figurer dans l'onglet "gamins", car elle a beaucoup servi à confectionner sifflets, "giclettes" et pétards du fait de sa tige facile à casser et dont la moëlle tendre se retire facilement.

Alisier

âyi

nom latin : Sorbus aria

nom français : alisier blanc, allouchier

autre nom en S&L : arniji (Mancey)

A propos de l'arbre : 

Il ne monte généralement pas très haut, et rarement avec un gros tronc, plutôt en perches. Lorsqu'il y a du vent, on le repère de loin par son aspect argenté (le dessous des feuilles est blanc).

Son bois lourd, dense et à grain très fin, était utilisé autrefois par les tourneurs et pour fabriquer des pièces de machines (vis de pressoir, timons et moyeux de roues de char), instruments de musique, queues de billard, instruments de musique.

 

A propos du nom : 

le nom patois semble oublié, remplacé par le français. Le lexique du patois de Culles le mentionne. De l'ancien français alier.

Ceriser a oiseaux

chrilli d'ouyo

nom latin : Prunus mahaleb

nom français : cerisier de Sainte Lucie

autre nom en S&L : colamb (Mancey)

C'est le deuxième arbuste à fleurir blanc dans la saison, au mois d'avril, donc entre le prunellier et l'aubépine.

Son bois dur, rougeâtre et odorant a servi à fabriquer des pipes.

 

Le nom signifie "cerisier à oiseaux". Les oiseaux sont friands des petits fruits noirs (non comestibles pour nous, mais pouvant servir à parfumer des alcools).

Viorne

taté, tatè, tati

nom latin : Viburnum lantana

nom français : viorne mancienne

autres noms en Saône-et-Loire : également tatére (Mancey)

dans le sud de la S&L : veûj ; dans le nord de la S&L et tout le 21 : manseunne, mancienne.

A propos de la plante :

C'est un arbuste très commun dans les haies, qui fleurit dès fin avril. Il se reconnait à ses feuilles duveteuses sur les deux faces.

Les rameaux, flexibles et très résistants, servaient à faire des liens (riôtes) pour les fagots.

 

A propos des fruits :

Dans un recueil de noms patois de Givry( S&L), les margosi sont les fruits de la viorne mancienne ; il y a moins de 100 ans, les enfants s'en régalaient. L'arbre est noté comme margoté. Ces noms m'intriguent, car il sont à rapprocher du nom, margousier, de deux espèces d'arbres originaires des tropiques ; bizarrement, alors que margousier est visiblement un mot français, dont on trouve de nombreuses mentions sur internet (voir sur Wikipedia par exemple), le dictionnaire de l'académie française ne le reconnait pas ! j'en ai retrouvé la trace dans un dictionnaire de créole réunionnais du 18e siècle, décrivant l'arbre qui arrivait alors d'Inde ; je pense que ce nom de margousier est venu d'un patois de France, utilisé par quelqu'un pour nommer un arbre en Inde, puis de là a rejoint le Réunion, pour revenir en France.

Taverdet fait dériver margot, qui existe dans le Morvan, de marguerite, et il note l'existence du patois margoter = "lier un fagot avec du margot".

 

A propos du nom :

On retrouve la racine TAT- dans une aire allant du nord de l'Italie aux Pyrénées et à chez nous, que ce soit pour la plante comme pour ses fruits, sans  racine latine ; il s'agit peut-être d'une origine pré-latine (ligure ?).

En ce qui concerne le terme français de viorne mancienne (patois de Côte d'Or manseunne), Taverdet le fait dériver d'un latin mantanea, mais sans dire son sens. Je me suis posé la question du rapport avec l'espagnol manzana = "pomme" ; l'étymologie de manzana est la suivante : "de l'ancien castillan mançana, de maçana, raccourci de l'expression latine (mala) mattiana ("pomme de Mattius"), en l'honneur de l'agronome et botaniste romain Caius Mattius". Il n'est pas interdit de penser que l'adjectif mattiana ait été également utilisé pour la viorne. A l'appui de cette hypothèse, nous avons ailleurs coudre mancienne et ses dérivés, qui nous font dire que mancienne est bien un qualificatif.

Cornouiller

sin-yon

nom latin : Cornus sanguinea

nom français : cornouiller sanguin

autres noms en Saône-et-Loire : sanguignon, singuignon (Mancey)

peurlan (Charollais-Brionnais)

autres noms ailleurs en France : savignon, sanvillot, sauvillot, sanguinelle …

cornier, cornaille, crignolier, coneulier, canolai …

A propos de la plante :

Le cornouiller sanguin est très courant dans toutes les haies. Il fleurit en juin. On remarque bien ses rameaux rouges en autome-hiver.

Il est extrêmement envahissant par drageons (tiges souterraines), par exemple dans les vignes. Oublier de le couper deux années de suite signifie vivre avec toute la vie de la vigne, tellement son enracinement est puissant.

Son bois très résistant est particulièrement recherché pour faire des manches d'outils.

 

A propos du nom :

Sin-yon dérive probablement de singuignon, donc de sanguignon, allusion à la couleur des rameaux et aussi des fruits ; le Dictionnaire du patois de Mancey dit à son sujet : les bergers s'imaginaient naguère que s'il frappaient une de leurs bêtes avec un bâton de sanguignon, celui-ci lui ferait uriner du sang".

A noter une certaine confusion avec le troène (Ligustrum vulgare).

are

E rable

agirôbe, agirôble

nom latin : Acer campestre

nom français : érable champêtre

autres noms en Saône-et-Loire :

nord : érôle ; Morvan : ériaule

sud et Bresse : uzeraule, uzrôbe, érôbe

autres noms ailleurs en France : auseral, oserole, ouseraule, oseroye, isérable, azéraille …

ériaule

A propos de la plante :

L'érable champêtre est très courant dans toutes les haies ; il supporte très bien la taille.

Son bois de très bonne qualité est utilisé en ébénisterie, tournage …

 

A propos du nom :

Agirôb(l)e  dérive à la fois du latin et du gaulois : le français n'a pas adopté le terme latin acer, mais un terme hybride acerabulus, où les linguistes voient la terminaison abulus, du gaulois abalo "pommier" :

ACER --> ACERABULUS --> AGÉRABLE --> AGIRÔBE.

J'ai trouvé sur internet : opulus = ancien nom de l'érable champêtre ;  acerabulus pourrait donc venir de acer-opulus.

A noter qu'une personne, bonne connaisseuse des plantes, m'a nommé l'orme "de la girôbe".

 

 Confusion possible :

L'érable de Montpellier, espèce protégée en Bourgogne car à la limite nord de son aire de répartition, se trouve en quelques exemplaires entre Montagny-lès-Buxy et Fley, en plus grande quantité plus au sud, par exemple sur le Mont Pejus. Il se reconnait à ses feuilles à trois pointes, et non cinq.

E pine vinette

pilminette

nom latin : Berberis vulgaris

nom français : épine-vinette

autres noms en Saône-et-Loire :

pirminette (dictionnaire de Mancey)

brô sala (Taverdet : côte chalonnaise)

A propos de la plante :

C'est un arbuste qui pousse sur les chaumes ; il était détruit systématiquement car accusé de faire partie de la chaîne de transmission d'une maladie parasitaire du blé.

Ses petits fruits acides peuvent servir de "cornichons" ou aciduler des boissons.

 

A propos du nom :

On retrouve un mineto dans le Rouergue, et un épine-minette dans le jura. Vu que "minette" se rapporte à des petites fleurs jaunes en français, il faut autant envisager un passage de "minette" à "vinette" que le contraire.

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